Un lien inattendu

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épicerie solidaire

Sophie et Marie ont un point commun : elles ont chacune bénéficié de l’aide précieuse de l’épicerie sociale. Mais, les deux femmes ne se sont pas rencontrées dans les rayons de l’épicerie. Marie, esthéticienne, a dispensé des soins à Sophie.

Chaque année, une quarantaine de familles bénéficient du service de l’épicerie sociale. Il s’agit d’un commerce de proximité, qui propose aux Angloys des produits alimentaires et d’hygiène à moindre coût pour permettre aux bénéficiaires, en fonction de leurs ressources et charges, de financer leur projet. L’accès se traduit par l’attribution d’un « panier » qui varie en fonction de la composition familiale. Les produits alimentaires et d’hygiène y sont vendus à 10 ou 20 % de leur valeur marchande. Mais au-delà de la vente de produits, la structure offre plusieurs services, grâce à la générosité d’Angloys. Parmi eux, un ostéopathe propose des séances, une demi-journée par mois moyennant 1€. Des bénévoles organisent des ateliers cuisine ou de bricolage. Une ancienne bénéficiaire de l’épicerie sociale, Marie, qui est devenue esthéticienne grâce à l’accompagnement de la structure, a souhaité offrir des soins à des bénéficiaires. Depuis le mois de septembre, elle consacre deux demi-journées par mois et propose soin du visage, modelage du corps et épilation.

Marie, esthéticienne au grand cœur

C’est sur les conseils d’une assistante sociale, que Marie pousse la porte de l’épicerie solidaire. Un mois de 2016, Marie vit une situation familiale compliquée et veut s’en sortir. Son contrat avec la structure, elle le signe pour six mois afin de pouvoir faire des frais sur son véhicule et payer des soins dentaires. L’épicerie lui permet de sortir la tête de l’eau et d’aller de l’avant. Elle entame un bilan de compétences qui la conforte dans son choix : celui de travailler dans les cosmétiques. « Depuis toute jeune, je rêvais d’être esthéticienne. Je me suis sentie pousser des ailes », confie-t-elle. A 58 ans, le rêve de Marie est exaucé : elle obtient son diplôme d’esthéticienne. Elle se lance à domicile mais la pandémie la stoppe net dans son nouveau métier. Marie perd confiance. Une thérapeute l’encourage alors de se tourner de nouveau vers l’épicerie sociale. Elle décide alors d’offrir des séances de soins aux bénéficiaires : « ces séances sont à double sens. Cela me permet de retrouver confiance. Je mets toute mon énergie dans les soins que j’apporte aux femmes qui prennent rendez-vous. C’est un moment pour elle. Mais ces instants où je leur fais du bien embellissent ma vie. » Marie ne s’adresse pas qu’aux femmes puisqu’elle a également deux clients hommes.

Sophie revit entre les mains de Marie

Cet après-midi de septembre, Sophie est allongée sur une table de massage, dans l’une des pièces de l’épicerie sociale transformée pour l’occasion en salon d’esthétique. Rien de manque, la serviette douce sur la table de massage, la musique, les produits de beauté en exposition disposés avec goût par Marie. Dans la pénombre de la petite salle, Sophie se fait faire un soin du visage. Après la séance, la quadra est apaisée et conquise : « cela m’a procuré beaucoup de bien. Je me suis faite chouchoutée et c’est très agréable. Passer entre les mains de Marie permet de se recentrer sur soi. Nous sommes dans une bulle. On ne pense plus aux soucis du quotidien. C’est très généreux de la part de Marie de nous offrir ces soins, car financièrement je ne pourrai pas me le permettre », confie cette maman de deux adolescents qui a poussé la porte de l’épicerie sociale à la suite d’une situation familiale complexe. « J’avais tout, je ne manquais de rien. Et puis un jour, tout s’effondre. Il faut savoir que cela n’arrive pas qu’aux autres. Et il ne faut surtout pas hésiter à se faire aider. Il n’y a rien de honteux. A l’épicerie solidaire, il n’y a aucun jugement, et nous sommes vraiment bien accueillis. Un passage dans la structure nous aide à remonter la pente ».  Sophie, qui a désormais quitté le cocon de l’épicerie sociale, a pris le numéro de Marie, l’esthéticienne : « je vais mettre de côté un peu chaque mois, pour continuer à être cliente ».

La solidarité peut transcender les circonstances de la vie. En procurant du bien-être à Sophie, Marie a repris confiance en elle tandis que Sophie a trouvé un nouveau départ grâce à l'aide de l'épicerie sociale et au soutien de Marie.