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Sur le parking de Montbrun, ce mercredi 1er février au matin, de nombreuses voitures sont stationnées. Davantage qu’à l’accoutumée. Un groupe de jeunes s’affairent. Ils chaussent leurs bottes ou leurs chaussures de marche, enfilent leur chasuble jaune ou orange, se coiffent de leur casque de chantier pour certains, attrapent un seau ou un sac; puis emboîtent le pas à Claire Ardilouze, la technicienne de l’ONF (Office National des Forêts).

Aujourd’hui vingt-huit élèves de première année de BTS Gestion des Milieux Naturels et de la Faune (GMNF) du lycée de Saint-Pée-sur-Nivelle doivent récolter les pignes de pins sur une parcelle du massif du Pignada.

Une fois arrivés sur site, Claire Ardilouze leur donne les consignes : ramasser les pignes de pin qui sont sur les branches coupées et posées au sol. « Il est très important de récolter celles dont les écailles sont totalement fermées et qui contiennent les graines. Prenez le temps de bien regarder », insiste la technicienne. Et leur professeur d’aménagement Emmanuel Desaegher d’ajouter : « Ce n’est pas compliqué mais il faut être rigoureux et organisés ».

Les étudiants, tels Clémence et Justine, se lancent, en binôme, dans une rangée. Tête baissée, elles recherchent, comme Enzo et Léonard un peu plus loin, le sésame camouflé très souvent sous les épines de pins accrochées aux branches. 

Un objectif de 60 sacs de 70 litres

La veille, certains pins ont été coupés (environ 1 sur 5) afin que les autres puissent s’étoffer. « Nous suivons un plan de gestion des forêts, explique Claire. Il s’agit d’une coupe légère. Cela permet de laisser s’épanouir les pins restants. » Avant l'arrivée des étudiants, tôt le matin, deux ouvriers de l’ONF, Gilbert et Thierry, ont commencé le ramassage des pignes.

Une fois conditionnés dans les sacs, les cônes de pins — un objectif de 60 sacs de 70 litres — partiront dans le Jura à la sécherie de la Joux. Les semences sont extraites des fruits, puis nettoyées, triées, analysées et conditionnées. « Puis, les graines nous seront renvoyées et nous les utiliserons pour replanter le massif nord qui a été incendié. Cette opération devrait avoir lieu en 2024. », indique la technicienne de l’ONF.

Les jeunes de BTS ramassent les pignes, puis les ramènent à Léa et Anaé qui procèdent à un second tri : « Celle-ci est trop petite, celle-ci est fendue », analysent les jeunes filles qui reçoivent les récoltes de leurs camarades. Durant toute la matinée, un ballet d’étudiants sillonne le massif dans une ambiance bon enfant. A leur manière, ils contribuent au reboisement du Pignada.

L'histoire de la sécherie de la Joux

Dès 1950, l'Office national des forêts fait construire, dans le Jura, une sécherie destinée au traitement des graines de résineux pour alimenter les programmes de reboisement d’après-guerre. En raison de la montée en puissance des plantations feuillues, l'ONF développe la production de semences forestières en 1983 avec la construction de l'actuelle sécherie de la Joux.
L’ONF contrôle et certifie les récoltes et est garant de la qualité et de la traçabilité des graines. Les semences fournies par la sécherie de la Joux constitueront les plants nécessaires au reboisement des forêts après une catastrophe naturelle, à la transformation de peuplements existants, ou lorsque le renouvellement des peuplements parvenus à maturité se fait traditionnellement, par plantation.
Initialement destinée à pourvoir aux besoins de l'ONF en semences d'origine génétique sûre et adaptée, la sécherie de la Joux (Jura) est devenue l'un des deux principaux fournisseurs français de semences forestières. Elle traite annuellement plusieurs tonnes de graines et semences, et détient 50 % du marché en France, avec environ 100 essences disponibles.