Imprimer la page

C’est à William Marcel, architecte représentant le style néo-basque dans l’entre-deux guerres, que les époux confient la construction de la Villa El Hogar.

Un architecte : William Marcel (1879-1971)

William Marcel commence ses études d'architecture à Bordeaux, sa ville natale et les poursuit à l'atelier Scellier de Gisors à Paris. Installé à Bayonne, il collabore avec François-Joseph Cazalis. En 1927, il étudie les plans de la "Maison Basque" qui devient son premier grand chantier.
À Anglet, il réalise le château de Brindos (1930) et la mairie (1936). Il participe à l'édification du pavillon des Trois B (Béarn, Bigorre, Pays Basque) à l'exposition internationale de Paris en 1937. Il réalise ensuite les groupes scolaires Jean-Jaurès de Blancpignon en 1951 et Edouard-Herriot de Chassin en 1956.
Parmi ses réalisations les plus significatives, on retient de belles villas de style hispanisant : "Marie-José", "Nerba", "Orkodia" à Biarritz et "San Miguel" à Chiberta. Son fils Jean, puis son petit-fils William, lui ont succédé dans son cabinet d'architecte.

El Hogar : un témoignage de l'architecture néo-régionaliste

Les caractéristiques du style néo-régionaliste de William Marcel se retrouvent à El Hogar. William Marcel reprend la "casa torre" (maison tour) des provinces de Navarre et de Guipuzcoa en Pays basque sud : corps de bâtiments élevés en forme de tour ; encorbellements plus ou moins moulurés ; murs blancs ou ocrés ; large débord des toits et jeu des auvents ou des balcons souvent arrondis ; portes où domine le plein-cintre ; baies jumelées ou fenêtres à croisillons et meneaux ; nombreux éléments décoratifs comme les écussons ou les grands cartouches de pierre sculptée disposés en façade ou aux angles à l'imitation des maisons nobles espagnoles.

Une décoration de qualité

Plusieurs corps de métiers participent à la décoration de la Villa, parmi lesquels le célèbre Atelier Mauméjean dont l'un des vitraux orne la cage d'escalier. La fabrique de vitraux et de mosaïques d'art Mauméjean est créée en 1860, à Pau, par Jules-Pierre Mauméjean. Joseph, Henri et Charles, ses fils, prennent progressivement la suite de leur père lorsque l'entreprise prend de l'ampleur. La société devient en 1923 Mauméjean frères et obtient en 1925 un grand prix à l'exposition des Arts décoratifs. Les ateliers sont installés à Paris, Hendaye et en Espagne.

El Hogar : résidence de la famille Vivent-Etchepare

La famille Vivent fait partie des "Indianoak", ces familles basques ayant émigré en Amérique du Sud pour y faire fortune. Sur la Côte basque, ces familles ont fait bâtir, surtout dans l'entre-deux guerres, de belles demeures Art Déco ou régionalistes pour leurs longs séjours dans leur pays d'origine.
François Vivent, d'origine béarnaise, a émigré au Chili pour y monter une affaire de cuirs et de tannerie. Sa femme, Jeanne Etchepare, est née à Santiago du Chili, d'une famille de basques ayant également émigré au Chili pour y travailler dans le cuir. Après avoir vécu quelques années au Chili, Jeanne Vivent revient s'installer en France en raison de la santé fragile de l'un de ses six enfants. Elle habite El Hogar jusqu'en 1935, date à laquelle elle repart pour le Chili, pensant revenir rapidement en France. Jeanne Vivent n'aura pas le bonheur de revenir à El Hogar.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la maison est occupée par les troupes allemandes et partiellement dégradée. Elle est ensuite louée, puis acquise par Monsieur Mendiondou qui y installe une fabrique de sandales. Ainsi, après les familles Vivent et Mendiondou, la Villa devient propriété d'Anglet en 1968.

Portrait de Madame Vivent

Ce portrait peint à El Hogar, installé à l'origine sur un chevalet dans le salon, a été offert à la Ville d'Anglet en janvier 2000 par Lira Etchepare, nièce de Madame Vivent. Il vient de retrouver sa place à El Hogar.
Le peintre Edouard Gelos est né à Bayonne en 1878 et mort à Guéthary en 1945, où il a fait construire à la fin de la Première Guerre mondiale un atelier qui domine la mer.
Guéthary l'a honoré en donnant son nom à l'une de ses rues.

La propriété devient centre culturel et sportif

L’année 1968 marque, pour la Ville d’Anglet, le début d’une série d’acquisitions foncières destinées à enrichir le patrimoine communal. En effet, Anglet est en plein essor dans les années soixante et doit développer ses infrastructures dans le but de répondre aux besoins d’une société qui se tourne de plus en plus vers les loisirs : la propriété devient centre culturel et sportif.

Ces activités sont symbolisées par la mosaïque de Jean Lesquibe (1), réalisée par Charles Carrère (2) en 1977, année de son installation à Belite. On peut la voir à côté du portail ouvrant sur la route de Hausquette.

Cette acquisition s’inscrit dans la continuité de la tradition sportive de la Ville. En 1973, le service municipal des sports est créé : il représente une nouvelle structure administrative qui gère l’ensemble des équipements. Autour de la Villa, qui abrite un centre de documentation (qui a fonctionné jusqu’à l’ouverture de la bibliothèque) et accueille encore aujourd’hui des activités associatives culturelles (cours de langues, encadrement, reliure, peinture…) sont mises en place de nouvelles infrastructures.

  • 1973, courts de tennis
  • 1974, COSEC (Complexe Sportif Evolutif Couvert) de 500 places
  • 1975, piscine destinée à l’apprentissage de la natation
  • 1978, salle polyvalente, gymnastique et escrime
  • 1983, dans un cadre incomparable, le mur à gauche (200 places) vient enrichir l’équipement sportif d’El Hoga. Cette imposante structure répond à une demande croissante d’adeptes de sports traditionnels (joko garbi, paleta gomme, main nue). La cancha mesure 36 mètres de long pour 20 mètres de large.
  • 1995, aménagement d’un club house et de deux courts de tennis couverts qui complètent les huit courts existants.

(1) Jean Lesquibe maître-verrier (1916-1995) exprime toute sa vie son talent dans l’art du vitrail et de la mosaïque. Il exerce à Anglet où est installé son atelier. Ses vitraux se retrouvent dans le monde entier : Angleterre, États-Unis ainsi que dans de nombreux lieux à Anglet (églises, mairie, maisons particulières).

(2) Charles Carrère (Anglet 1927), élève de Lesquibe, dirige depuis 1977 son atelier d’Anglet.